NZIGIDAHERA Benoît – Office Burundais pour la Protection de l’Environnement (Bujumbura, Burundi)
Les connaissances traditionnelles controversées sur les champignons comestibles: espèces rejetées hier, consommées aujourd'hui
Des études menées au Burundi révèlent beaucoup d’informations sur la diversité des des espèces de champignons comestibles (Buyck, 1995; Buyck & Nzigidahera,1994; Nzigidahera, 2007, Degreef et al., 2016). Alors que la productivité naturelle des champignons dans les forêts claires du sud du pays semble être stable et qu’on semble connaitre les facteurs qui influencent cette productivité, on constate au Burundi oriental que d’autres facteurs peuvent interférer voire tronquer les résultats de plusieurs années d’estimation de la productivité. Ainsi, le rapatriement des réfugiés de Tanzanie, pays riverain du Burundi, a augmenté le nombre d’espèces de champignons consommées au Burundi au cours de la dernière décennie, résultat des échanges de connaissances transfrontières. De plus, les méthodes de transformation des champignons, présumés toxiques, en aliments typiques de la région de Kumoso nord, constituent un facteur qui influence les valeurs estimées de productivité des champignons dans cette région. Cette dynamique dans la connaissance des espèces comestibles pourrait être accélérée par la vulgarisation rapide d’autres espèces consommées par les communautés africaines. Il est donc primordial de procéder à l'inventaire des espèces comestibles dans toutes les communautés autochtones et locales avant de débuter cette vulgarisation. Cela débouchera sur une estimation plus proche de la réalité de la productivité des champignons comestibles avec des résultats plus précis que dans le cadre d'une étude limitée aux champignons consommés par une communauté dans une contrée donnée. On pourrait également s'interroger si les champignons considérés comme toxiques le sont réellement.